Syrie: L’opposition exige le départ d’Assad
Le président Bachar Al-Assad a proposé un plan en trois étapes pour mettre fin au conflit qui secoue le pays. Mais l’opposition dénonce une tentative d’Assad pour « se maintenir au pouvoir » et réclame son départ comme condition préalable à tout règlement.
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Le président syrien Bachar Al-Assad a proposé dimanche un plan politique pour mettre fin au conflit dans son pays. Le plan en question, impliquant son maintien au pouvoir, a été rejeté par l’opposition, qui exige son départ comme préalable à toute solution du conflit sanglant qui déchire la Syrie depuis 21 mois. Dans sa première allocution en sept mois, Assad s’est montré inflexible, assurant une fois de plus que le conflit qui a fait, selon l’Onu, plus de 60 000 morts « n’opposait pas le pouvoir à l’opposition mais la patrie à ses ennemis qui souhaitent sa partition ». Assad a appelé à un dialogue pour lequel il a affirmé ne pas avoir trouvé jusqu’à présent de partenaire.
Ce plan devrait être prochainement présenté officiellement par le gouvernement afin d’être inscrit dans une « charte nationale » qui sera rédigée par toutes les parties, avant d’être soumise à référendum. Le plan prévoit un règlement de la crise en 3 étapes. Tout d’abord, les pays qui « arment les terroristes » s’engagent à arrêter de les financer et ces derniers doivent « arrêter des opérations terroristes » pour permettre le retour des réfugiés. Assad a insisté sur son refus « de négocier avec des gangs qui prennent leurs ordres de l’étranger ». L’armée syrienne met aussitôt fin à ses opérations, tout en conservant le droit de répliquer en cas de menace contre la sécurité nationale. Le régime met en place un mécanisme permettant de surveiller l’engagement des parties, notamment en ce qui concerne le contrôle des frontières.
La deuxième étape, elle, consiste à organiser, sous l’égide du gouvernement, une conférence de dialogue national auquel participeront toutes les forces. Une charte nationale défendant la souveraineté de la Syrie, son unité et son intégrité territoriale, et rejetant l’ingérence, le terrorisme et la violence sera rédigée. Cette charte doit ensuite être soumise à un référendum. Ensuite, le pays organisera des élections législatives suivies de la formation d’un gouvernement élargi à toutes les composantes de la société, conformément à la Constitution. Le gouvernement sera alors chargé de faire appliquer la Charte nationale (sans évoquer une élection présidentielle).
La troisième étape est basée sur la formation d’un gouvernement conformément à la Constitution. Le régime tiendra une conférence nationale de réconciliation et d’amnistie générale pour toutes les personnes détenues en raison des événements. Une fois cette conférence achevée, la reconstruction des infrastructures commencera.
Une manoeuvre selon l’opposition
Ce plan a choqué la communauté internationale et les Syriens eux mêmes. Certains ont accusé Bachar d’être hypocrite. D’autres ont affirmé qu’il est déconnecté de la réalité. De sa part, l’Union européenne l’a exhorté à se retirer pour permettre une transition politique. Les Etats-Unis, qui estiment que ce discours n’est qu’une autre tentative du régime de s’accrocher au pouvoir, ont de nouveau exigé le départ du président syrien. « L’allocution d’Assad n’est rien d’autre qu’une nouvelle tentative du régime de s’accrocher au pouvoir et n’apporte rien à la recherche d’une transition politique voulue par le peuple syrien », a dit Victoria Nuland, porte-parole du département d’Etat.
L’opposition a rejeté le plan également affirmant qu’il comprend aucune échéance. Elle accuse le chef de l’Etat de vouloir choisir ses interlocuteurs et de chercher à se maintenir au pouvoir. Le porte-parole de la Coalition Nationale Syrienne (CNS) Walid Al-Bounni, a affirmé que l’opposition souhaitait une solution politique, mais l’objectif des Syriens est de renverser Assad. « Ils ont déjà perdu pour cela plus de 60 000 martyrs. Ils n’ont pas fait tous ces sacrifices pour permettre le maintien du régime tyrannique », explique Al-Bounni. Pour la Coalition, l’intervention du président constitue une tentative visant à contrarier un accord international, soutenu par les Arabes et les Occidentaux, sur la nécessité de sa démission. « Cette initiative est coupée de la réalité, elle sape les efforts du représentant spécial (de l’Onu et de la Ligue arabe) Lakhdar Brahimi et permet uniquement au régime de maintenir sa sanglante oppression sur le peuple syrien », a expliqué l’opposition. Les Frères musulmans syriens, importante force d’opposition, ont estimé dans un communiqué que ce plan ne représentait « rien », qualifiant Bachar Al-Assad de « criminel de guerre devant être jugé ».
En plus, Bounni a encore accusé Assad d’écarter toute possibilité de dialogue avec les forces révolutionnaires. « Il veut dialoguer avec des interlocuteurs qu’il a choisis et refuse toute initiative reprenant les aspirations du peuple syrien et conduisant au final à son départ et au démantèlement de son régime », a affirmé l’opposant en expliquant que Assad n’acceptera aucune initiative qui ne garantit pas la stabilité de son régime. Bounni estime que le discours de Assad s’adressait principalement à la communauté internationale, car il est clair qu’il y a des efforts au niveau international pour aboutir à une solution politique reprenant les exigences du peuple syrien qui souhaite la fin de la tyrannie et le départ du clan Assad.
